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Il y’a quelque chose dans l’air…

Anna Mikulska

Traduction: Dominika Małecka

« L’air à Cracovie est bon, il faut seulement bien le mastiquer » se moquent les créateurs du site internet krakowskialarmantysmogowy.pl. Ils ajoutent plus sérieusement : « Chaque année environ 400 habitants de Cracovie meurent prématurément en raison de la pollution atmosphérique causée par des particules en suspension ». Un habitant de Cracovie respire par an la quantité de benzopyrèneéquivalente à fumer environ 2 500 cigarettes. A Londres, c’est cent fois moins.

Les jours où la pollution de l’air est  la pire, le smog est même visible. Depuis des années, Cracovie fait face au problème du smog ; les normes acceptables pour les matières particulaires (PM10, PM2.5) et le benzopyrène sont notoirement dépassées.

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Selon la plaque dévoilée le 13 janvier 2016 sur la place du Marché principal de Cracovie, au cours des quinze dernières années le smog à Cracovie a contribué à la mort de plus de 6 000 personnes. Photo: Anna Mikulska

Il y a de plus en plus d’initiatives sociales (qui apparaissent, selon leurs créateurs, à cause du manque de réaction des autorités) qui contribuent à la sensibilisation au problème auquel sont confrontés les  habitants de Cracovie. Facebook est bombardé d’événements et de fanpages tels que : « Masques antipollution ! », « Dévoilement d’une plaque commémorant les victimes du smog », « Le smog de Wawel », « Alarme anti-smog à Cracovie ». Les gens en sont de plus en plus conscients.

L’autodéfense…
« Je me souviens qu’il y a un an, je suscitais la peur en me déplaçant à vélo avec un masque antipollution ; maintenant sur les pistes cyclables on rencontre plusieurs personnes qui en portent aussi » dit Bartek, un des participants au dévoilement de la plaque commémorant les victimes du smog.

« C’est dommage qu’à Cracovie il soit moins dangereux d’acheter un abonnement à la gym que de faire une balade en vélo » ajoute Zuzanna, étudiante à l’Université Jagiellonne, vivant à Cracovie depuis septembre. « Selon moi, chaque personne sachant que son voisin brûle du plastique dans le four, devrait en informer la police. Cracovie ne peut pas être célèbre pour sa pollution. »

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L’air sale à Cracovie peut affecter non seulement notre santé, mais aussi notre vie. Photo : Anna Mikulska
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Photo : Anna Mikulska

« Lorsque je viens à Cracovie, j’ai immédiatement des maux de gorge et je commence à suffoquer, surtout en hiver, un peu moins en été » déclare Bartek.

Les prix des masques professionnels varient entre 90 et 160 PLN, mais il est également possible de voir des prix supérieurs à 200 PLN.

« Cette couverture que j’ai ici n’est qu’un gadget, c’est juste un masque de protection, pour la peinture, il n’absorbe pas la pire des poussières, celle qui se dépose dans les poumons et peut causer le cancer. S’il y avait des masques professionnels à des prix abordables, j’en achèterais un. Mais les masques ne sont pas éternels, il faut soit les désinfecter, soit les changer » dit Monsieur Kazimierz, un autre participant au dévoilement de la plaque. Il souligne aussi qu’à Cracovie même des réparations ou le nettoyage de la chaussée sont réalisés de manière incorrecte. « Pour nettoyer certaines rues, on utilise des souffleurs qui soufflent au lieu de ratisser. Un homme s’occupe d’une superficie énorme, et en soufflant, il fait s’envoler et se disperser la poussière et tous les germes. La deuxième question concerne la coupe de béton, de granit, de bordures de trottoir à l’aide de scies mécaniques, sans aucune protection. J’ai appelé plusieurs fois à la garde de la ville pour qu’elle intervienne, pour qu’elle ordonne aux travailleurs d’appliquer de l’eau comme protection. C’est facile, il suffit d’une bouteille d’eau minérale, d’en verser sur la scie et sur l’objet coupé et comme ça, on empêche la poussière de se dégager. Mais il n’y a pas de loi pour régir cela. Les entreprises [s’occupant de la construction] sont sélectionnées aux appels d’offres, au plus bas coût possible. Parfois les ouvriers ne sont pas du tout formés. »

Weronika, étudiante en première année, dit tout simplement : « Je ne vais pas au centre-ville. »

… et la défense officielle…
Les gens s’intéressant à ce sujet, les autorités ont entrepris des changements. « La résolution concernant le transport public gratuit dans le cas de la pollution atmosphérique élevée est entrée en vigueur le 26 décembre 2015. Lorsque le niveau de PM10 dépasse 150 microgrammes par mètre cube dans les quatre stations de mesure de la qualité de l’air à Cracovie ou 200 microgrammes dans une des stations, les conducteurs seront en mesure de prendre le bus et le tramway gratuitement » informe « GazetaKrakowska  ». L’hiver dernier, de telles situations se sont produites à plusieurs reprises.

Une fanpage « Air pour Cracovie » sur Facebook informe que l’Assemblée régionale de la voïvodie de Malopolska discutera la résolution anti-smog concernant entre autres l’élimination des chaudières les plus toxiques. Les autorités régionales tiennent compte du problème, celles à Varsovie, pas vraiment. Le Fonds national pour la protection de l’environnement et de gestion de l’eau a annoncé vers mi-février qu’il ne cofinancera pas le programme de l’Union Européen « Life » visant à améliorer la situation dans des villes de Malopolska où l’air est le plus pollué (non seulement Cracovie mais aussi Rabka ou encore Zakopane). Plus de 25 millions PLN du Fonds national pour la protection de l’environnement iront à la fondation Lux Veritatis de Torun, une organisation associée au rédemptoriste Tadeusz Rydzyk.

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Photo : Anna Mikulska

Conclusions

Mateusz Budziakowski, initiateur de la campagne « Air pour Cracovie » : « La plupart, près de 50%, de la poussière à Cracovie est causée par l’utilisation de poêles à charbon, communément utilisés dans les foyers polonais. La seconde conclusion est que plus de poussière, plus de smog nous éliminerons, et plus de vies humaines nous sauverons. Tous les habitants de Cracovie, nos et vos familles, amis et enfants, jouent à cette roulette meurtrière. Nous attirons votre attention, vous qui allez voter contre la résolution anti-smog,afin que vous preniez la responsabilité de plus de 400 décès d’habitants de Cracovie, causés par le retard dans la lutte contre le smog. »

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Photo : Anna Mikulska

« Ce n’est pas le brouillard, c’est tout simplement la suspension de poussière dans l’air et nous la respirons tous. Je ne suis pas sur que la résolution [anti-smog] change quelque chose. Ce qui est le plus important, c’est la mise en pratique. Je sens nettement que je suffoque. Il suffit d’aller à l’extérieur de Cracovie, de respirer l’air normal » affirme Monsieur Szymon qui a également pris part au dévoilement de la plaque.

Le smog est…
Le smog est un héros universel. Il est le centre d’intérêt depersonnes d’âges différents, d’éducations et d’origines différentes. « En fait, après deux ou trois mois à habiter ici, je pouvais sentir quelques effets. Théoriquement ils ne sont pas alarmants, mais quand même, la toux gênante ne me plaît pas» dit Marcin, un des étudiants à Cracovie.

« J’ai remarqué que je tombais malade plus souvent » affirme Michalina, étudiante de première année à l’Université d’économie. « Les jours où la concentration est la plus forte, je souffre d’un essoufflement et j’ai mal à la tête. Quand j’ai demandé à mes parents s’ils voulaient déménager à Cracovie, ils ont répondu Jamais ! Vivre dans ce smog ?! »

« Tout mon corps me démange. Le dos, les mains, les poumons, les narines… Le smog trouble mon esprit et gâche mon humeur. En ne voyant pas le ciel, je tombe en dépression » commente Ula, elle aussi étudiante.
Mais la situation peut être différente. « J’habite là depuis un an et demie, je pourrais m’y habituer. Ça a certainement un impact sur notre santé et c’est très dangereux à long terme, mais pour l’instant, je ne le sens pas vraiment » affirme Wojtek, étudiant de deuxième année.

« Je n’ai pas hésité à venir à Cracovie à cause du smog et je ne connais personne ayant fait cela. Mais c’est certainement une raison pour laquelle je ne suis pas sûre si je veux vivre là de manière permanente » raconte Anna, étudiante à l’Université pédagogique. « Quand la concentration est forte, on ne peut pas faire une promenade, même l’aération de l’appartement devient un problème ; ouvrir la fenêtre c’est plutôt aérer Cracovie. »

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Les gens rassemblés pour célébrer le dévoilement de la plaque commémorant les victimes du smog. Photo : Anna Mikulska
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Bougies commémorant les victimes du smog à Cracovie. Photo : Anna Mikulska.